mardi 22 novembre 2016

Casse-toi pov' con !

Le fameux effet blast que nous promettait Nicolas Sarkozy en début de campagne des primaires s’est finalement produit dimanche soir... Je dois vous l’avouer, j’étais en larmes et nous avons mis plusieurs heures avant de réaliser ce qui s’est passé. J’étais présent au QG de campagne et très vite nous avons senti que la majorité silencieuse avait malheureusement changé de camps… NouSlesJeunes étaient bien présents avec nous mais il semblerait qu’une large partie du mouvement majoritaire NouSlesCons ne voulait plus de Nicolas Sarkozy…

Pendant de longues minutes, j’ai pleuré sur l’épaule de Charles-Henry, un de mes camarades sarkozystes. Je ne pouvais me résoudre à accepter que Nicolas Sarkozy se fasse éjecter par Fillon le traitre ! Même Copé avait réussi à battre ce perdant, c’est vous dire ! Les yeux perdus sur l’écran géant qui diffusait les résultats, je repensais à tout ce que j’ai sacrifié pendant plusieurs mois afin de tout donner pour la victoire de Nicolas Sarkozy et tout donner pour la France…

Incrédule, je cherchais à comprendre ce qui n’avait pas fonctionné. Dire que vendredi soir j’avais reçu l’appel suivant de mes amis du QG afin de nous mobiliser « pour la dernière ligne droite », pour le deuxième tour…



Comme vous pouvez l’entendre l’issue du scrutin du premier tour ne faisait pourtant pas l’ombre d’un doute. C’était une simple formalité et nous pensions même pourvoir atteindre le 50% dès le premier tour ! Peut-être que nous nous sommes mobilisés un peu trop tôt pour le second tour et que nous aurions mieux fait de déjà nous concentrer sur le premier…

Pourtant tout le monde y croyait, d’Estrosi à Balkany en passant par Dati ou Woerth, sans oublier le pauvre François Barouin… Dire qu’il aurait dû être premier Ministre… Dimanche matin encore, il se disait « plus confiant que jamais, après une campagne passionnante, et une trentaine de déplacements pour des meetings aux côtés de Nicolas Sarkozy. »… Aujourd’hui il doit être dévasté. Il a dû prendre une cuite pour essayer d’oublier… Lundi matin il devait être invité sur LCI mais il leur a finalement posé un lapin et a été remplacé par Edouard Philippe. La journaliste a remué le couteau dans la plaie en déclarant : « Merci d’être là parce qu’on vous a sollicité cette nuit. Mon invité ce matin, ça devait être François Baroin, qui s’est désisté après la défaite de Nicolas Sarkozy. On comprend sa déception mais quand on est un homme politique on tient ses engagements. ».

De même, pour Véronique Waché ou Sacha Straub-Kahn la déception doit être immense. La première était considérée jusqu’à dimanche soir comme la meilleure experte en communication politique et elle va certainement devoir aller pointer à pôle emploi… enfin non, ça c’est uniquement pour les pauvres cons et autres ploucs. Florence saura trouver une nouvelle vache à lait… Sacha va lui terminer son master à sciences-po et peut-être qu’il s’autoproclamera, d’ici quelques années, un des représentants de la majorité silencieuse.

Quand je pense à tous les soutiens de Nicolas Sarkozy qui passent aujourd’hui pour les membres d’une secte qui se rendent finalement compte que leur gourou n’est qu’un petit nain à talonnettes qui a profondément écœuré les français. Quel électrochoc pour nous qui pensions qu’il était le messie de la droite et du centre pour 2017 ! Quand Nicolas Sarkozy a finalement pris la parole pour annoncer sa défaite, je suis passé des larmes à la colère. Je ne voyais plus le grand homme pour qui je m’étais engagé mais qu’un minable qui s’est moqué de nous pendant plusieurs années. Ce n’était plus Nicolas Sarkozy mais Paul Bistmuth, un pauvre con de plus, enfermé dans ses illusions et son petit confort, qui devait reconnaitre devant la France entière qu’il n’est plus rien.

Là où il m’a le plus déçu c’est quand il a annoncé : « Je voterai François Fillon ». J’ai failli m’étouffer ! Tomber si bas ! Certes, il ne tombe pas de bien haut mais tout de même !  Il a terminé son discours d’adieu avec ces mots :

« Bonne chance à la France, bonne chance à vous mes chers compatriotes, soyez certains que Français je suis, Français je reste et que tout ce qui de près ou de loin touche à la France, me touchera toujours personnellement. Je suis comme ça, on ne change pas, je n'ai aucune amertume, aucune tristesse, et je souhaite le meilleur pour mon pays pour vous mes chers compatriotes, et pour celui qui aura à conduire ce pays que j'aime tant, la droite a donné une bonne image, j'ai été heureux de participer à ce combat, au revoir à tous. »

Bonne chance ? Mais il se prend pour qui le nain ? Cela fait plusieurs années que je suis derrière lui, à militer, à le supporter, à le financer malgré ses nombreux débordements et il nous laisse comme ça en nous souhaitant simplement bonne chance ? Mais il se prend pour qui ? Il sait tout ce que j’ai sacrifié pour lui ? Des soirées entières à faire du phoning avec Charles-Henry au QG du 7ième, le porte-à-porte où l’on se faisait souvent insulter, les marchés où le bruit et l’odeur de tous ces ploucs étaient insoutenables, les meetings à agiter des drapeaux français et à rire de ses blagues sur les migrants ! Tout ça pour rien ?

Et sa connasse qui lui sert de vide-couilles qui déclare sur Instagram « Quelquefois, les meilleurs perdent. Bravo mon amour, je suis fière de toi »… Décidément on préfère tous quand elle à la bouche pleine, au moins cela lui évite de sortir des conneries ! Son Raymond il nous l’a mis bien profond ! Et son trisomique de fils, « l’absolute gun lover » de twitter qui se voyait déjà revenir à l’Elysée pour lancer des billes et des tomates sur les forces de l’ordre ! Non mais franchement, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre ! Pierre Sarkozy, le DJ aussi talentueux qu’un tourne disque, qui nous parle de l’histoire d’amour entre Nicolas et la France en l’illustrant avec son abruti de père portant un drapeau, la chemise ouverte et les cheveux au vent… Mais il est au courant que pour une histoire d’amour il faut être 2 ? Et dire que je les ai soutenus sans dire mot pendant des mois ! Je me suis ridiculisé auprès de mes amis, de ma famille pour soutenir ce petit homme ? Dire que j’ai mis volontairement de côté ma vie affective et sentimentale pour me consacrer pleinement à la campagne et qu’aujourd’hui, on me laisse dans le caniveau en disant, c’est pas grave, on va soutenir Fillon le traitre…

Pire, Nicolas Sarkozy aurait même osé déclarer qu’en votant Fillon, « les gens ont un peu voté pour mon bilan » ! En votant Fillon les gens ont clairement décidé de se débarrasser de lui ! Mais même ça, il est incapable de le comprendre, de l’accepter. Nicolas Sarkozy n’est qu’un menteur, ils nous a tous trompé. Je me rends compte que j’ai été manipulé, que je n’étais qu’un débile de plus au service d’un nombriliste carriériste qui nous manipule depuis des années. J’estime aujourd’hui avoir été victime d’embrigadement sectaire. Je me souviens de toutes ces réunions politiques où nous étions en groupe et toutes les conversations avaient un « meneur ». Nous avions l'impression de débattre alors qu'en fait nous recevions des messages. Par exemple, on nous disait que nous étions l’élite des français, seuls héritiers et représentants de l’identité nationale française, que nous pouvions diriger notre vie selon nos désirs et bien sûr que nous étions des personnes élues, meilleures que les autres. Au terme de ces séances, nous étions persuadés d'être une sorte d'élite. Je suis lentement devenu méprisant à l'égard de mes amis qui n’étaient pas Sarkozystes. D'ailleurs, très vite, je n'ai plus eu le temps de les voir, submergé par mes activités au sein des républicains. Je me souviens d’avoir appelé ma mère en lui parlant de ce potentiel que j'avais découvert en moi, des gens passionnants que j'avais rencontrés. Immédiatement, elle avait flairé quelque chose de louche et m’avait demandé : « Tu es certaine qu'il ne s'agit pas d'une secte ? ». Irrité, je lui ai répondu sèchement : « Bien sûr que non, tu sais que je ne ferai jamais partie d'une secte ! »… avec le recul je me rends compte qu’elle avait certainement raison…

Peu à peu, Nicolas Sarkozy a occupé tout mon temps. Je travaillais bénévolement trente heures par semaine, recrutant de nouveaux membres et appelant à voter Nicolas Sarkozy partout où je me déplaçais. Dès que j’avais un peu d’argent de côté, je faisais des versements pour soutenir ses campagnes et ses sarkothon. Depuis 2006 j’ai tout donné pour Nicolas Sarkozy. Maintenant il ne me reste plus rien et je n’ai jamais été aussi seul… Je pense que je ne suis d’ailleurs pas le seul à être aujourd’hui dans cette situation. Dimanche soir quand j’ai quitté Charles-Henry, il n’était vraiment pas bien. J’espère qu’il n’a pas fait de bêtise et qu’il ne s’est pas ouvert les veines ou pire, qu’il n’a pas rejoint les socialistes… il voulait tant arrêter de souffrir dimanche soir qu’il était prêt à faire n’importe quoi.

De mon côté, j’ai beaucoup réfléchi depuis cette maudite soirée. D’ailleurs cela faisait longtemps que je n’avais pas réfléchi autant… avec le temps je m’étais progressivement moranisé. J’ai finalement réalisé que je recherchais en fait une nouvelle famille parfaite. C’est ce qui m’a fait tomber dans le piège de Nicolas Sarkozy et des républicains. Dans ma famille, je n’avais jamais eu l’impression d’avoir de l’importance. Mon père, un ancien gauchiste soixante-huitard, ne m’a jamais soutenu quand je me cherchais politiquement. Je me souviens des moqueries quand je suis revenu la première fois à la maison avec des mocassins à glands ! J’avais 16 ans et aujourd’hui encore je me souviens du traumatisme. Seul mon frère avait le droit à de la considération ! Ma mère, une femme soumise, ne m’a jamais défendu et m’a même révélé que je n’étais pas désiré, que ma naissance avait été un regrettable accident. D’ailleurs elle buvait et fumait pendant sa grossesse, ce qui explique certainement que je suis de droite aujourd’hui. J’ai tellement souffert à la maison que j’ai vite essayé de trouver une nouvelle famille qui m’accepte pour le peu que je suis. Avec le recul, je me dis que j’aurais peut-être mieux fait de mettre fin à mes jours.

Maintenant il est évident que je dois essayer de m’en sortir. Je me suis renseigné et j’ai commencé à entreprendre des démarches auprès de la MIVILUDES. Je tiens à témoigner car je ne suis pas le seul à avoir été entrainé dans cette secte et j’espère pouvoir aider certains de mes anciens camarades à s’en sortir. Je crois que pour commencer, il faut déjà se rendre compte que nous avons été manipulé. Pour cela, rien de plus simple, voici un faisceau d’indices facilitant la caractérisation d’un risque dérive sectaire :

_ la déstabilisation mentale (Cela fait des années que Nicolas Sarkozy nous parle du grand danger qui nous guette, de notre identité nationale qui est menacée par les racailles et autres migrants. Depuis des années je vivais dans la peur de mon prochain, surtout s’il était différent)

_ le caractère exorbitant des exigences financières (Entre le Sarkothon et tout ce que j’ai donné à l’UMP ou aux républicains, j’aurais certainement pu être propriétaire aujourd’hui. Cela fait 4 ans que je ne pars pas en vacances pour soutenir les républicains)

_ la rupture avec l’environnement d’origine (Aujourd’hui encore je me demande comment j’ai pu finir à droite… Les seuls dans toute ma famille à avoir choisi ce positionnement politique sont mon grand oncle pédophile et mon cousin rentier)

_ l’existence d’atteintes à l’intégrité physique (Toutes ces heures à battre le pavé numérique sur internet pour recruter, trôler, relayer la bonne parole. Je n’ai pas beaucoup dormi dernièrement. De même, j’ai négligé mon alimentation et surtout ma libido. Depuis la dernière université d’été des républicains je n’arrive plus à bander.)

_ l’embrigadement des enfants (Je n’en ai heureusement pas mais j’avoue avoir essayé d’en embrigader à plusieurs reprises. J’ai fait les sorties de collège et de lycées avec mes ‘amis’ de l’UNI. Je ne sais plus combien d’autocollants ou de préservatifs républicains j’ai pu distribuer aux jeunes mais aujourd’hui je regrette tellement.)

_ le discours antisocial (Pour moi ceux qui n’étaient pas avec moi, étaient forcément contre moi. J’ai tellement stigmatisé les musulmans, les couples homosexuels, les africains, les plombiers polonais, les roms, les chômeurs, les syndicalistes, les professeurs, etc… qu’au final je ne me rendais même plus compte que le problème venait en réalité de moi-même)

_  les troubles à l’ordre public (Des manifs pour tous aux manifs contre les blocages, je n’ai pas été irréprochable. Je me souviens encore de la dernière manif pour tous où nous nous cachions derrière des enfants versaillais pour insulter les CRS jusqu’à ce qu’ils craquent. Cela a fait tellement de belles images pour la cause de voir ces CRS charger des enfants)

_ l’importance des démêlés judiciaires (De ce côté-là, je n’ai pour le moment rien à me reprocher. C’est surtout Nicolas Sarkozy qui était (et qui est encore) en charge de cette partie.)

_ l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels (Depuis plusieurs années, je ne jurais plus que par Nicolas Sarkozy. Aussi, d’un point de vue culturel, je me suis détourné des circuits économiques traditionnels : je n’allais plus qu’aux concerts de Carla ou de Enrico Macias. Je n’achetais plus que les disques de Mireille Mathieu ou de Didier Barbelivien. Je ne regardais plus que les émissions de Cyril Hanouna et les seuls livres que j’ai acheté étaient signés de la main de Nicolas Sarkozy.)

_ les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics (Pas la peine de développer puisqu’il s’agissait de notre but premier. Nous avons quand même réussi de ce côté-là puisque nous avons même été au pouvoir. Mais tout ça pour quoi ? Pour finir battu par Fillon dans une primaire ? Quel destin lamentable, j’ai honte d’avoir participé à ce cirque).

Bref, j’invite tous les sarkozystes et autres amis de Nicolas Sarkozy à se renseigner sur les sectes et essayer de s’en sortir. Pour moi la route va être encore longue et je pense que je vais faire des cauchemars et des crises d’angoisses pendant plusieurs mois. On ne ressort pas indemne d’un tel soutien à Nicolas Sarkozy. D’ailleurs, même pour ceux qui ne le soutenaient pas, personne ne ressort pas indemne : d’abord Hollande et maintenant Fillon ! Tout ça à cause de ce lamentable nain qui a fait de sa frustration de taille un moteur pour se sentir supérieur aux autres. Il a abusé de notre confiance, de notre crédulité, de notre cruel manque d’intelligence. Aujourd’hui j’assume et j’ai envie de me reconstruire. Comme de nombreux sarkozystes, j’ai envie de rejoindre Marine Le Pen qui défendra le mieux nos ‘idées’, mais j’ai peur de n’être une fois de plus qu’un énième pion au service d’un manipulateur carriériste. Et si je m’étais trompé sur toute la ligne ? Et si le principal danger que court la France venait en fait des français ? Et si ce qui me nuit le plus depuis mon plus jeune âge était en fait moi-même ?

J’espère un jour m’en sortir sans avoir pour autant à mettre fin à mes jours. Si vous aussi vous êtes dans ma situation, n’hésitez pas à m’écrire. Ensemble nous serons plus forts, ensemble tout deviendra peut-être à nouveau possible.



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